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Une vie autour du globe

Bolivie 1

De Cochabamaba nous nous sommes dirigés à Santa Cruz, une ville de 2 millions d'habitants en pleine selva haute. Nous sommes passés d'un paysage de montagne à une forêt verdoyante.

 



Santa Cruz n'a rien d'extraordinaire à offrir, il s'agissait plutôt du point de départ pour la route de missions jésuites. Il s'agit d'un route de 1.100km de long où les jésuites ont construit  7 missions durant le XVIIe et XVIIIe siècle. Ils seront expulsés en 1767.


Les missions sont toutes construites sur un même modèle influencé par les missionnaires allemands et suisses. D'ailleurs, les églises ressemblent à de grands chalets suisses!

03-mission san ignacio
Ce ''chalet'' est accompagné d'un cloître, le clocher est une tour qui se trouve à quelques mètres de l'église.
Les décorations de l'église sont principalement faites de bois (piliers, statut, nef...). On ressent l'influence de la selva. Les peintures sont souvent explicites pour être comprises par les indigènes (chemin de croix assez enfantin; statut du Christ les cheveux dans le vent lors de l'Élévation,...)


Devant la mission une grande place très verte et ombragée par des grands arbres favorise les échanges. Les maisons étaient et sont toujours réparties autour de ce parc et les habitants s'y retrouvent en fin de journée.


Durant notre séjour à Santa Ana (l'une des missions) nous avons rencontré Don Carlos, le guériseur de la communauté. Il travaille au côté des médicaux et paramédicaux et fait office de sage-femme. Il a partagé avec nous une de ses matinées pour nous expliquer certaines plantes et nous parler des différents ouvrages de Médecin Du Monde auquel il a participé.


Après avoir apprécié la qualité des ouvrages nous sommes allés à la rencontre de Medico del Mundo espagnol. Présent dans la région depuis 7ans, il participe à la promotion de la médecine traditionnelle locale. L'équipe essait de faire travailler conjointement des guérisseurs traditionnels et des médecins classiques. Leur objectif au long terme est la création d'un statut pour les guérisseurs. Nous avons reçu l'autorisation de traduire 2 ouvrages que vous pourrez lire dans quelque temps ;)

 

Retour à Santa Cruz après avoir sympathisé avec deux artisans venant du Brésil et d'Argentine. Ces deux zoulous voyagent à travers l'Amérique Latine en vivant de leur artisanat. On s'est donné rdv au Brésil!


De Santa Cruz nous avons pris la piste vertigineuse qui rejoint Sucre ... dans un bus pourave!!
À Sucre nous avons déposé nos sacs pour 1 semaine :) ça fait du bien de se poser. Nous avons pu participer à la fête des morts : le cimetière a pris un air de fête durant une journée, les gens priaient dans les parcs, les lieux saints...


Sinon la ville de Sucre est une ville politique avec sa fac de droit communiste (sisi!) ainsi que la Cour Surpême de Bolivie (sisi). En effet, le pays est divisé entre la riche Sucre (cour suprême) et la pauvre La Paz (siège du président, du parlement et de l'assemblée). Jusqu'au XIXe siècle Sucre était la capitale de la Bolivie mais La Paz prit sa place de façon non officielle.


Tant qu'on parle politique .... en parlant avec les Boliviens nous nous sommes rendu compte que le président n'est plus du tout populaire. Les boliviens sont déçus de ses discriminations et de sa corruption. Le pauvre Evo est tombé dans les bras du diable en or!


Sucre est une ville magnifique qui compte deux musé vraiment intéressants (le musé universitaire et le musé de l'Art Indigène), une cathédrale magnifique qui abrite la Virgen de Guadalupe (la protectrice de la ville et ses environs).  Elle est d'ailleurs la protectrice des tisseuses de la région.

 

12-El camino del Inca
Les environs de Sucre sont réputés pour ses tissus qui sont de véritables chefs-d'oeuvres. Nous sommes allés à la rencontre du peuple Jalqa à 50km de Sucre, durant 2 jours nous avons emprunté des pistes et chemin Inca pour nous rendre à Maragua. C'est ici que les femmes (et depuis peu les hommes) continuent à tisser comme les faisaient leurs ancêtres il y a des milliers d'années. Les motifs ont évolué mais le tissage est toujours rouge et noir et représente des animaux maléfiques ou magnifiques. Ce qui est incroyable c'est la perfection du travail des deux côtés. Les tisseuses mettent 3 mois en raison de 8h de travail par jour pour venir à bout d'une toile de 30cm sur 50cm!
À Tarabuco, le tissage utilise davantage de couleurs et représente des scènes de vie. Les représentations sont ordonnées en ligne alors que les tissus Jalqa représentent le désordre.


14-tissu se Maraguay
Dans ces deux régions le tissage occupe une grande place dans la vie de communauté depuis des milliers d'années. Les tissus font parties intégrantes des fêtes et des cérémonies.  Le nouveau-né ou le vieillard mourant doivent porter des tissus symboliques pour être protégés ; les tenues vestimentaires sont fort différentes d'une communauté à l'autre.

Nous sommes maintenant à Potosi : la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde ; avec ses 4090m d'altitude elle surpasse Lhassa. La ville fut créée au XVIe siècle quand Huallpa, un indien quechua révéla à un aventurier espagnol l'existence de Sumac Orcko ('la plus belle montagne'). La Cerro Rico de Potosi fut si fabuleuse que la mine aurait produit suffisamment d'argent pour paver une route à deux voix jusqu'à Madrid. D'ailleurs en ce temps-là les rues de Potosi étaient recouvertes d'argent! Au XVIIe la ville était aussi grande que Londres et Paris (165 000 habitants)

 

17-Potosi et le Cero rico

Il y eut jusque 10 000 galeries creusées et 7 millions d'Indiens et d'Africains y périr durant les travaux forcés (la Mita). En bref, les hommes étaient réquisitionnés durant 6 mois pour travailler gratuitement 7j/7 durant 20h/24 avec interdiction de sortir (nous avons eu du mal à y rester durant 2h..) Comme nourriture ils n'avaient que des feuilles de coca à macher et un repas par jour.


L'exploitation de la mine s'arrêta au XIXe siècle. Malgré le gisement aujourd'hui épuisé ce sont 12 000 mineurs qui y travaillent répartis en syndicats autonomes. Les conditions n'ont pas beaucoup changé (chariot sur railles, dynamite, pioche et pèle..). Pour tenir le coup les mineurs continue à macher la coca et consomment le l'alcool à 96 : Leur espérance de vie est de 45 ans et on compte un mort tous les 15j pour cause d'éboulement.

 

19-chario de 2 tonnes

Dans la mine on respire, poussière, amiante, souffre, salpêtre et carbure de calcium. En 2h nous avions la gorge qui nous brulait.. Les mineurs ne portent quasi pas de masque et restent en moyenne 10h/j à l'intérieur. L'oxygène est acheminé à travers des tuyaux mais les chatières où les hommes cherchent les minéraux et posent les dynamites ne sont pas oxygénées... il est difficile d'y rester : on a dû ramper dans un trou pour finir dans un espace de 3m² à 40 degrés sans oxygène avec 20 dynamites prêtes à bruler... on était peu fier!


Selon certains historiens et économistes, l'argent de la mine de Potosi serait le point de départ du capitalisme. En effet, c'est l'équivalent de 50 milliards de dollars qui sont tombés dans les poches de l'Espagne entre le XVIe et le XIXe siècle. L'Espagne dépensa sans compter enrichissant ainsi la France, l'Angleterre, l'Allemagne et les Pays-Bas.  Au final l'Espagne fut endettée et les autres pays les vrais bénéficiaires.

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M
<br /> wow c'est impressionnant de voir dans quelles conditions ils ont pu, et pour certains continus à travailler. C'est super interessant de vous lire.<br /> Au niveau politique, ils ne sont pas les seuls à en avoir marre de leur président...<br /> À part ça je trouve les tissus impressionnants, on comprend mieux, vu le temps que ça prend, pourquoi c'est vendu aussi cher.<br /> <br /> <br />
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